Dans le cadre de la publication de la 3ème édition de son baromètre sur l’adoption de la téléphonie dans le cloud par les entreprises en Europe, Mitel a sollicité la plateforme HubTic pour confronter les résultats de son étude avec des consultants et experts français. Une dizaine de cabinets de conseil ont accepté de se prêter à l’exercice ; nous vous en présentons la synthèse ci-après au travers de 4 thématiques abordées par le baromètre : les centres de contact, les outils de collaboration, les architectures cloud et le retour sur investissement.

Baromètre sur l'adoption de la téléphonie dans le cloud en Europe : le point de vue des consultants

Etude Cloud 2020  

 

LE CLOUD PRIVÉ MÈNE LA DANSE

Pour le cabinet de conseil Netsystem, la tendance constatée sur le terrain est effectivement à l’hébergement privé soit en interne, soit chez l’intégrateur pour les données métiers. Cela s’expliquerait selon Emmanuel Thiebot, consultant Senior, par certains freins encore bien présents, comme par exemple la souveraineté des données et la maitrise des données et des sauvegardes. Il relève également des contraintes techniques (AS400, etc.) qui peuvent aussi amener à conserver des applications et infra associées en mode cloud privé. 

Selon Pascale Ranger, Consultante Sénior chez SRC Solution, cette approche du ‘cloud privé’ relève généralement plus d’une volonté de l’entreprise de conserver ses infrastructures sur dans ses propres salles serveurs (OnPremises) que de réellement bâtir un Cloud Privé. En effet, la mise en place d’un Cloud nécessite une refonte totale des processus, du monde de travail des administrateurs et de l’architecture technique. Il s’agit d’être en mode Service (service à la demande d’infrastructure sans intervention d’administrateurs réseau ou système, capacité à se connecter de n’importe quel terminal et de n’importe où pour le même service, supervision et gestion de capacité automatique). Ce basculement nécessite une maturité dans la gestion du SI que le cabinet voit rarement chez ses clients. En conséquence, les entreprises qui s’orientent sur une architecture Cloud privé sont plus les grandes PME éditeurs de logiciel, ou les petites PME / organisations qui n’ont pas de réel service informatique (Cloud via un prestataire intégrateur/infogérant)

De son côté, Eric Martel, Directeur Technique du cabinet SDCT, voit apparaître deux types d’approches : d’une part le recours à du full-cloud pour les petites et moyennes entreprises qui sont plutôt confiantes vis-à-vis de cette approche et attirées par sa simplicité et sa sécurité ; d’autre part des accès hybrides privilégiés par les plus grandes entreprises qui y trouvent l’agilité dont elles sont besoin tout en conservant la main et la visibilité.
Pour Benoit Berruyer, fondateur du cabinet Comexans, il semble pourtant que les modèles IaaS privés portés par les intégrateurs/partenaires ne soient pas à la hauteur des promesses faites : tant en termes d’industrialisation qui reste souvent aussi artisanal qu’en interne, qu’en termes de flexibilité par rapport au cloud public. Les modèles privés internes restent donc majoritaires, avec des extensions au cloud public plus ou moins avancées selon les clients – possiblement multicloud - même si c’est plus souvent une stratégie qu’une réalité. Pour SRC Solution, l’approche hybride / multicloud relève le plus souvent de grands groupes.

Dans le secteur public, le Directeur des Opérations du cabinet Loopgrade, Pascal Petit, constate que les architectures en Cloud privé sont les seules mises en place par quelques grandes collectivités, souveraineté des données oblige. L’hébergement se fait dans des grands datacenters d’Ile-de-France, et pas forcément sur le territoire de la collectivité concernée.

 

 

UN USAGE POUR L’INSTANT SEGMENTÉ DU CLOUD PUBLIC OU HYBRIDE

Pour Pascal Brisset, Directeur Général Ilexia, la confiance des sociétés, et notamment des RSSI, dans les offres de cloud public est faible dès qu'il s'agit d'y stocker des données persistantes et cela d'autant plus qu'il s'agit de données client (RGPD) ou métiers. Pour des données statiques (persistantes), le cloud privé est considéré comme plus sécurisant. Le cloud hybride permet d'externaliser les blocs fonctionnels ou services considérés comme non stratégiques pour l'entreprise. Les autres cloud sont utilisés pour des besoins sporadiques (tests, développements informatiques...) non structurants ou pour le traitement des flux temps-réel non persistants (fonctionnalités de collaboration, incluant l'audio, la vidéo et le partage d'écran) d'autant plus qu'ils sont généralement chiffrés par des clés uniques de session.

Selon Emmanuel Thiebot (Netsystem), les hébergements dans le cloud public concernent avant tout les applications d’administration et d’exploitation afin d’offrir un accès facilité aux utilisateurs (nomades, multi-terminaux, plages horaires étendues…). Il souligne par ailleurs que le modèle économique n’est pas nécessairement favorable au mode cloud public pour tout ou partie de son SI. Cette tendance est partagée par Pascal Petit (Loopgrade) pour le secteur public, qui note que, pour des applicatifs comme les messageries électroniques dont l’espace de stockage explose et la sauvegarde est primordiale, les collectivités de toutes tailles n’ont plus de scrupule pour externaliser leur messagerie. C’est peut-être par ce biais qu’elles en arriveront à externaliser la téléphonie.

Constat également partagé par Benoit Berruyer, fondateur du cabinet Comexans, pour qui le full cloud public est finalement assez rare, faute de pouvoir couvrir l’ensemble des cas d’usages des entreprises, et aussi faute de maturité des clients pour « bien consommer » le cloud public, ce qui rend le modèle souvent très cher. 

 
 

DES AVANTAGES QUI PLAIDENT A TERME POUR LE CLOUD PUBLIC

Il est très clair que le cloud public (et donc l’hybride) va se développer fortement, affirme Denis Grand fondateur du cabinet Ubac. L’offre proposée est plus riche que ce qui existe en privé (flexibilité et rapidité des déploiements, disponibilité, tarification, administration, connecteurs avec services tiers, localisation worldwide, performances des connexions réseau, etc.). Les entreprises qui ont déjà de la maturité en termes d’externalisation cloud y vont toutes, même s’il n’est pas question d’y aller à 100% et d’abandonner le privé. Le cloud privé va également continuer à se développer : on observe de nombreux clients envisager l’externalisation de leur SI, notamment quand arrive l’échéance de renouvellement de leurs serveurs.  Il est parfois (souvent) difficile d’externaliser l’ensemble du SI et les solutions de communication dans un même datacenter, pour différentes raisons, comme par exemple l’absence d’offre de trunk SIP intéressante disponible. Ceci amène à se diriger vers du multicloud, privé/privé ou privé/public.

Un point souligné par le Directeur du Pôle Solutions Collaboratives et Communications Unifiées du cabinet Altétia, Dominique Mouchet : la montée en puissance des offres sur les cloud publics, avec des offres "over the top". Il semble que les éditeurs mettent un focus particulier sur ce type d’offres et sur l'interopérabilité multi-services.

 

Les résultats complets de cette enquête sont téléchargeables ici.

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