Au-delà du sujet de l’interopérabilité il y a 2 grands enjeux autour du SI de santé : la création d’un socle technologique et de sécurité, et le dossier patient. Ces enjeux sont colossaux, et avec la nouvelle organisation du secteur en 135 GHT (les Groupements Hospitaliers de Territoire), il est vital pour l’organisation et l’équipement de ces nouvelles structures. Mais ces projets ne partent pas de zéro, les centres hospitaliers existent pour la plupart depuis très longtemps, disposent de leurs infrastructures et équipements informatiques, ont développé leurs solutions (ce qui souvent participe à l’hétérogénéité des systèmes) et sont portés par des organisations régionales. Ce que rappellent d’ailleurs les ARS, les Agences Régionales de Santé, qui se sont déjà heurtées aux réformes informatiques de la santé hospitalière, et qui affichent une volonté de convergence, des systèmes comme des projets. La convergence n’est cependant pas une fin en soi et la convergence à 100% est une mauvaise option dans le secteur santé.
Cette transformation intervient également au moment où l’ensemble du domaine informatique se transforme également, ce que l’on appelle la transformation digitale. Cette dernière rejoint d’ailleurs les problématiques des établissements de santé : profiter des avancées technologiques, dans des domaines aussi riches que les infrastructures, la virtualisation, le stockage des données, la mobilité, les communications, le Cloud Computing, l’Internet des Objets, le Big Data et les analytiques, et la démarche sensible, stratégique et transverse de la cybersécurité.
Ce qui ressort aujourd’hui des nombreuses expériences qui ont été menées dans de multiples domaines, c’est la transformation des usages, qui se répercute tant sur le patient que sur le médecin, le personnel de santé, le personnel administratif, la direction, etc. L’évolution du SI de santé se retrouve ainsi confrontée à des enjeux qui vont largement au-delà des technologies, comme de pouvoir accéder aux données médicales, sociales, patients, à tout moment, en tout lieu, et sur tout support. Ou encore de faire toujours plus avec moins, ce qui certes ne leur est pas spécifique, mais qui impose de mettre en place des stratégies spécifiques.
Les deux axes principaux de cette transformation sont la mutualisation du réseau, recherchée par 74 % des GHT, et l’externalisation de l’hébergement de santé, déjà envisagée par 57 % des DSI des GHT. La migration du SI de santé dans le cloud est donc une démarche d’actualité, mais qui se heurte à des freins connus (par exemple le manque de maturité des solutions de DPI pour l’externalisation) et aujourd’hui maitrisés, qui sont moins technologiques que liés à la confiance. L’agrément hébergeur de santé, en cours de refonte, apporte la garantie d’un hébergeur de confiance sur un cloud souverain, c’est à dire dont les données stockées dans un datacenter ne vont pas alimenter les données massives accumulées par certains grands acteurs de l’internet.
L’autre facteur de confiance est celui de la sécurité, et en la matière les professionnels du cloud et de l’hébergement de santé ont depuis longtemps déployé des stratégies et des outils performants, et qui profitent de la mutualisation pour être accessibles à tous les établissements. Cela fait de la migration du SI de santé dans le cloud une démarche stratégique qui doit être prise en compte par les GHT, car elle est opérationnelle, rapide à déployer, sécurisée, et donc agile, ce qui garantit la souplesse attendue. La stratégie essentielle restant est celle des infrastructures d’hébergement hybrides qui permettent à un DSI de piloter finement la typologie et le degré d’externalisation que son SIH peut admettre.